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Jean-Claude Dupont reçoit un Doctorat honoris causa en études acadiennes de l’Université Sainte-Anne


Voici le texte de l'allocution que Jean-Pierre Pichette a préparée pour la présentation de Jean-Claude au grade de docteur honoris causa de l'Université Sainte-Anne. Merci à Monsieur Pichette pour cet excellent texte.

Madame la Chancelière

Monsieur le Recteur,

Monsieur Dupont,

Chers finissants, invités, collègues, membres et amis de l’Université Sainte-Anne

Après avoir été la première université à établir un baccalauréat en études acadiennes, voici que l’Université Sainte-Anne réalise encore une autre première : celle de décerner son premier doctorat, honoris causa, en études acadiennes.

J’ai donc le privilège de participer à cet événement en présentant à ce grade un ancien du Collège Sainte-Anne selon le vœu du Groupe de recherche en études acadiennes et dans la suite logique de ses réflexions toutes chaudes sur l’avenir de la recherche qui proposent l’établissement d’un Centre pluridisciplinaire de recherche en études acadiennes au sein de notre institution.

Plus qu’une coïncidence, cette association marque un tournant décisif en faveur de la recherche, puisque la personnalité que nous honorons aujourd’hui est précisément un chercheur émérite qui a voué une grande partie de ses publications à la mise en valeur des études acadiennes.

Monsieur Jean-Claude Dupont est originaire de Saint-Antonin de Rivière-du-Loup, un village québécois situé sur le chemin du Portage, l’axe de circulation historique qui reliait l’Acadie à la Nouvelle-France.

Après avoir étudié chez les eudistes au Collège de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, de 1956 à 1958, il effectue un séjour de deux ans à l’Université Sainte-Anne afin de parachever son baccalauréat en sciences en mai 1960. Inscrit à l’Université Laval de Québec, il obtint ensuite une licence ès lettres, une maîtrise ès arts et un doctorat en ethnologie.

Plus tard, il fera des études postdoctorales au Centre d’ethnologie française de Paris. Sa carrière débute en 1964 par un stage d’enseignement d’un an à l’Université Memorial, à Saint-Jean de Terre-Neuve (1964-1965) suivi de deux années à l’Université de Moncton, Nouveau-Brunswick (1965-1967) – ses enfants naîtront d’ailleurs en pays acadien – ; puis il retourne à Québec en 1967, comme employé de la fonction publique, où il rédige pour le ministère des Affaires culturelles un projet d’Institut national de la civilisation, première ébauche du Musée de la civilisation du Québec qui naîtra vingt ans plus tard.

En 1968, il devient professeur à l’Université Laval où il fera carrière jusqu’à se retraite en 1999. Il fut aussi professeur invité à l’Université de New-York à Albany et à l’Université de Sudbury en Ontario.

Jean-Claude Dupont est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages scientifiques portant sur la culture populaire ; et la place que cet ancien de Sainte-Anne a réservée à l’Acadie dans sa production est remarquable.

Entre autres, mentionnons deux forts volumes : son Héritage d’Acadie (1977) qui présente aussi bien les complaintes des pêcheurs noyés en mer que les chansons de mariage, les contes et légendes, les croyances et coutumes du cycle de l’année et du rituel de la vie ; et son Histoire populaire d’Acadie (1979) dédiés « À Marie et Luc », ses enfants, une étude qui porte sur la culture matérielle acadienne : c’est-à-dire les travaux domestiques, le costume, le mobilier, l’habitation et les métiers artisanaux comme le charpentier et le forgeron.

Mais il a publié bon nombre d’autres titres qui concernent l’Acadie comme sa Contribution à l’ethnographie des côtes de Terre-Neuve (1968), Héritage de la francophonie canadienne. Traditions orales (1986), Les Trésors cachés [du] Québec et [de l’]Acadie (1999), et une belle série de 4 volumes Traditions populaires acadiennes (2002) ; sans oublier les paroles des chansons du disque d’Édith Butler, L’Acadie s’ marie (1978).

Ses œuvres sont utilisées comme ouvrages de références dans les cours d’histoire de l’Acadie, non seulement au niveau universitaire, mais, grâce à son travail de vulgarisation, dans les écoles secondaires partout dans les provinces Maritimes. La présence acadienne est si abondante dans ses écrits que les mélanges que 43 collègues lui ont offerts en 2001 ont comme titre Entre Beauce et Acadie – Facettes d’un parcours ethnologique.

Ajoutons, pour combler la mesure, que la diffusion du patrimoine légendaire de l’Acadie et de l’Amérique française chez Jean-Claude Dupont ne se limite pas à l’écriture pour les chercheurs et qu’elle touche aussi le grand public par les expositions de tableaux qu’il a réalisées en tant qu’artiste peintre et qui circulent un peu partout en Amérique, en Europe et en Asie. Ses seules Légendes de l’Amérique française (créées en 1985), après avoir été vues au Canada et aux États-Unis, ont été présentées dans un musée de Moscou, avec catalogue en russe et en français, et continuent leur carrière sous forme d’exposition itinérante ; ses toiles se retrouvent chez des collectionneurs de nombreux pays, jusqu’en Russie et au Japon.

Récemment le Musée de la Pointe-à-Callière a tiré de ses légendes une grande exposition intitulée Sur le chemin des légendes avec Jean-Claude Dupont, qui a été montrée durant l’automne 2011 ici même dans les murs de l’Université Sainte-Anne.

Certains ont reçu l’œuvre de ce professeur, chercheur, auteur et artiste, comme la manifestation de diverses « facettes » de la multidisciplinarité suscitée par la variété des compétences affichées par Jean-Claude Dupont (Simon) ; d’autres ont apprécié dans les toiles de ce « cueilleur de légendes », l’interprète pictural d’un imaginaire collectif commun qui représente une « histoire imaginaire de l’Amérique française » ; d’autres enfin ont qualifié ses écrits sur le patrimoine oral de livres « pour tout le monde », au sens propre, tant ces légendes « régionales » aux yeux de la francophonie québécoise et acadienne paraissent universelles au lecteur et à l’amateur avertis (Valière).

Jean-Claude Dupont est toujours resté très attaché à son Alma Mater et il est, de l’avis de tous, l’une des plus belles étoiles du fleuron des anciens de Sainte-Anne. Par exemple, il a été un collaborateur assidu des travaux de la chaire de recherche Cofram et du Centre acadien tant par ses conseils que par sa participation à nos journées d’étude depuis 2005.

Jean-Claude Dupont s’inscrit désormais dans la vénérable lignée des grands ethnologues d’ici : innovateur comme ses prédécesseurs, c’est lui qui a lancé l’enseignement de la culture matérielle en 1968 et donné le premier cours consacré à l’ethnographie acadienne à l’Université Laval.

Il a fait rayonner les connaissances acquises par ses travaux à travers tout le Québec et dans les principaux centres du Canada et des États-Unis, car il a toujours eu le souci de la diffusion du patrimoine par son enseignement, ses écrits, ses communications ou sa peinture, et, ce, tant au niveau scientifique que populaire.

Son apport scientifique a été reconnu par plusieurs organismes culturels et scientifiques : il est membre de l’Ordre des Francophones d’Amérique, de l’Ordre du Canada et de la Société Royale du Canada ; l’Université de Moncton lui a aussi décerné un doctorat honorifique ès lettres (2004).

Pour beaucoup, il reste un phare, comme l’a opportunément sanctionné l’attribution en 1998 d=un des Grands Prix du Québec, le prestigieux prix du patrimoine Gérard-Morisset. Ses nombreuses enquêtes menées auprès de la population acadienne le rangent ainsi parmi les figures de proue qui ont œuvré à la connaissance du patrimoine d’ici, au même titre que Luc Lacourcière, Marc-Adélard Tremblay, Geneviève Massignon, Anselme Chiasson, Antonine Maillet et Catherine Jolicœur pour ne nommer que les plus connus.

Il allait de soi que l’Université Sainte-Anne honore à son tour cet ancien pour sa contribution à l’étude de la culture canadienne-française, et plus particulièrement de la civilisation traditionnelle acadienne.

C'est pourquoi, Madame la Chancelière, par l’autorité du Sénat, j’ai le très grand plaisir de vous présenter Monsieur Jean-Claude Dupont pour qu’il reçoive de vos mains le degré de docteur en études acadiennes honoris causa, le premier de notre Université.

Jean-Pierre Pichette

Le 12 mai 2012

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